Plan Local de l’Habitat 2023-2028 – Prise de parole d’Alain L’Hostis au conseil Municipal du 22 mai
Une chose est sure, Rennes est une belle ville où le moderne semble cohabiter avec l’ancien. Le Rheu cité-jardin est une belle ville ; ces deux villes, parmi la métropole, se développent.
Enfin, « est » une belle ville, ou bien « était » une belle ville ?
Ce PLH, je voudrais bien y croire. Penser comme avant, que c’est génial, que la Bretagne est attractive, que c’est de la croissance, « qu’il faut bien loger les gens », que « quand le bâtiment va, tout va », et que « la commune, pour le bien commun, doit prendre sa part de la construction ».
Oui, mais.
Je m’interroge lorsqu’au centre-ville de Rennes, je vois la ville défigurée par les destructions systématiques des vitrines de tout ce qui représente l’immobilier et la spéculation : les agences immobilières, les banques, les assurances, et tout ce qui représente l’argent et le luxe, les marques ; et il y en a !
Ceux qui les ont cassées s’en prennent-ils seulement aux symboles de l’argent ou aussi à un développement déséquilibré de l’immobilier sous l’effet dopant des subventions aux promoteurs et des mesures de défiscalisation des investisseurs ?
Avec ce PLH, nous constatons une accélération de la construction de logements sur la métropole : de 4000, on va passer à 5000 par an.
Les bâtiments de grande hauteur, tout en béton banché, gros consommateur d’aciers et de ciments émetteurs de CO2, poussent comme des champignons dans une densification jamais connue ici; les systèmes de construction alternatifs, bio brique, bois, terre, sont ultra minoritaires, alors qu’il y a un discours de lutte contre les ilots ce chaleur et la nécessité d’être sobres.
Rennes se « luxifie » en même temps que s’y accroit une proportion de personnes seules, étudiants, âgés, vieux et pauvres.
Les classes moyennes se sont déplacées au-delà de la métropole, s’y dirigent matin et soir en voiture pour venir y travailler, par les 10 routes à 4 voies qui y convergent dans un engorgement croissant de la rocade.
En effet, les entreprises sont à l’intérieur de Rennes, ou majoritairement dans le cœur de métropole et les communes pôles; c’est là que l’emploi se trouve !
A partir de cette situation, c’est logique « il faut bien loger les gens » !
Mais ce raisonnement là n’appartient-il pas à un autre monde ? C’est un raisonnement à l’apparence implacablement logique, mais que je crois en réalité inadapté aux enjeux énormes de la lutte contre le réchauffement climatique.
Pour moi, c’est un raisonnement inadapté à la répartition des emplois et des entreprises dans toute la Bretagne, à des villes moyennes et petites plus économes en infrastructures , des villes low cost, des villes du « quart d’heure », plus « relationnelles », des villes plus « stationnaires » ainsi que cela a été exposé et imaginé dans les ateliers de travail sur le SCOT par de passionnants anthropologues, sociologues et urbanistes ?
Ce PLH, j’ai cherché à l’étudier, à le comprendre, au-delà de l’unique réunion d’une commission municipale où il nous a été présenté.
J’ai participé à tous les ateliers métropolitains et de préparation du SCOT.
J’y ai appris que Rennes depuis les maires Fréville et Hervé, a acheté 50 % des terrains, soit 2450 hectares. C’est-à-dire que Rennes maitrise donc 50 % de la ressource sol et son prix de vente.
Le marché s’exerce donc sur les 50 % restants, le diffus ou le hors ZAC.
Or, bien que Rennes possède déjà 50 % de son foncier et en maitrise donc la mise en marché, l’augmentation des prix du m2 de terrain est considérable, sous l’effet du déséquilibre offre/demande, entrainant une explosion des prix de l’immobilier neuf comme d’occasion sur la métropole: mais forcément, avec une projection à + 400 00 habitants attendus d’ici 2040 en Bretagne, dont 100 000 sur la métropole (dont 50 % d’accroissement naturel), c’est à la fois la résultante de la compétition entre métropoles, entre villes , et l’effet du « déjà là », qui va renforcer une situation de fait accompli de Rennes par rapport à la Bretagne. Notons que la population Française va plafonner à 68,5 millions en 2050, d’après l’Insee.
J’ai bien compris la mécanique de la répartition « équitable » entre les 43 communes de la métropole ; j’approuve la répartition de logements à loyer social, en accession à la propriété dans toutes les communes, afin de ne pas concentrer des pôles (pour ne pas dire ghettos) de pauvres ou de riches, comme ils se sont développés dans les années 60.
Mais je constate que vous proposez de passer de 107 logements construits par an sur le dernier PLH, à 200 par an pour le prochain.
Je constate que lors des réunions sur l’OAP des Landes et les projections du centre-ville, vous envisagiez des immeubles en R+2 + Attique ou Combles. Désormais, c’est partout 1 étage de plus au minimum.
Je constate que vous avez oublié le Trambus pourtant annoncé, que les bus 54, 55 et 56 sont pris tous les matins et souvent le soir dans les bouchons pour Rennes et que cela bouchonne aussi sur le RD288.
Comment préparez-vous les mobilités de 4-5 000 nouveaux habitants au Rheu et 100 000 à la métropole alors qu’on est déjà dans cette situation de congestion?
La ville archipel a été conçue pour l’habitat, je propose de la concevoir comme un archipel d’entreprises et donc d’emplois, pour des déplacements réduits et de la qualité de vie qui en résulte.
Nous regrettons que l’on veuille construire la ville à marche forcée avant tout pour ceux qui viendront y habiter, …
… en bousculant ceux qui y habitent récemment,
… et parfois en maltraitant ceux qui y habitent depuis toujours ; ils sont d’ailleurs nommés « les récalcitrants » dans le diagnostic du PLH, -tout est dit dans cette formulation-, alors qu’ils sont en premier lieu « impactés » : il est interdit de s’opposer !
En conséquence, le PLH que vous nous proposez nous procure scepticisme, questionnements voire rejet.
Concrètement, il sera voté car il est conçu par la métropole, vous êtes sur la ligne, vous êtes majoritaires.
Pour ce qui est du Rheu, nous demandons pour le respect des citoyens du Rheu:
- Une ligne de Trambus jusqu’au Rheu
- Une liaison La Tremelière-gare de l’Hermitage
- Une piste cyclable sécurisée entre les Landes d’Apigné et l’école de Moigné.
Notre vote à chacun est libre, chacun peut s’exprimer pour, contre ou s’abstenir.
j’approuve totalement vos 3 propositions.